Château de Caen
Calvados Normandie France
castle, chateau
Château de Caen
Calvados Normandie France
castle, chateau
The Château de Caen is a castle in the Norman city of Caen in the Calvados département (Normandy)
Le château de Caen est un ensemble fortifié du centre-ville ancien de Caen
Previous names
Château de Caen, Château de Caen
Description
The Château de Caen is a castle in the Norman city of Caen in the Calvados département (Normandy). It has been officially classed as a Monument historique since 1886. The castle was built c. 1060 by William the Conqueror (William of Normandy), who successfully conquered England in 1066. His son Henry I then built the Saint George's church, a keep (1123) and a large hall for the ducal Court. On Christmas 1182, a royal court celebration for Christmas in the aula of Caen Castle brought together Henry II and his sons, Richard the Lionheart and John Lackland, receiving more than a thousand knights. Caen Castle, along with all of Normandy, was recaptured by the French Crown in 1204. Philip II reinforced the fortifications. The castle saw several engagements during the Hundred Years' War (1346, 1417, 1450). The keep was pulled down in 1793 during the French Revolution, by order of the National Convention. The castle, which was used as a barracks during World War II, was bombed in 1944 and seriously damaged. In 1946, Michel de Boüard, an archeologist from Caen, decided to start excavations in the area of the castle to bring to the light medieval traces. The Musée des Beaux-Arts, which was installed in 1967, opened in 1971. Structure The castle was constructed on a hillock and is now in the middle of the city. With an area of 5.5 hectares, it is one of the largest castles in Western Europe. It remained an essential feature of Norman strategy and policy. Today, the castle serves as a museum that houses the Musée des Beaux-Arts de Caen (Museum of Fine Arts of Caen) the Musée de Normandie (Museum of Normandy) along with many periodical exhibitions about arts and history, in the castle residence; Saint George's church; the Échiquier de Normandie (Exchequer of Normandy), used as a temporary hall of exhibitions, which seated the Court of Normandy; a garden showing plants cultivated in the Middle Ages. The keep, now razed, had a large square section with round towers at each corner. As the castle, it was also surrounded by a moat. The dry moat still provides a circuit for walkers. The top of the ramparts offers a splendid view of Caen. Some parts of the curtain walls were built during the 12th century, but most of them date from the 15th century. The castle has two main entrances: the porte sur la ville ('gateway to the town') and the porte des champs ('gateway to the fields'); they are reinforced by two barbicans. Recent works Since March 2004, the town of Caen has undergone the restoration of the ramparts, with the financial help of the ERDF (consolidation, opening of arrow slits walled during the 19th century) . 6,000 m³ of earth are being removed, in order to give a better view of the north-west wall of the 12th century. This operation has revealed the cellar of a private house of the 15th century which still has its firehouse, a powder magazine and two walls of a forge of the 14th century. Traces of the stables have also been found. The base of the keep has been cleared, and people are still working on excavations around it.
Le château de Caen est un ensemble fortifié du centre-ville ancien de Caen. Fondé vers 1060 par Guillaume le Conquérant, il connait de nombreux aménagements au fil des siècles. Avec 5,5 hectares, c’est l’un des plus grands châteaux d’Europe. Son enceinte contient aujourd’hui : les vestiges du donjon, non ouverts au public ; le logis du gouverneur (actuel musée de Normandie) ; le cavalier d'artillerie et les salles du Rempart (salles d'exposition du musée de Normandie) ; le musée des beaux-arts de Caen ; l’église Saint-Georges, centre d'accueil et d'interprétation ; la salle de l'Échiquier en référence à l'Échiquier de Normandie (salle d’exposition temporaire pour le musée de Normandie) ; le jardin des simples, reconstitution d'un jardin médicinal du Moyen Âge. La totalité des constructions et vestiges du château, à l'exclusion des fossés, du musée des Beaux-Arts et de l'aile en retour nord du musée de Normandie, fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 10 avril 1997. Situation Le château est établi dans la plaine de Caen, sur le bord sud d'un plateau « de médiocre élévation »4 dominant la basse vallée de l'Orne dans laquelle s'est développée la ville ancienne de Caen. À la pointe de ce plateau, une vaste enceinte flanquée de tours pour la plupart carrées délimite un espace d'environ 250 sur 225 m. À l'ouest et au sud, elle suit l'escarpement qui surplombe le centre-ville ancien et qui a été taillé pour être plus abrupt. À l'est et au nord, un fossé a été creusé dans le roc, le séparant du quartier du Vaugueux et de la campagne. Ses défenses ont été améliorées au cours des siècles ; s'y sont succédé : la tour-porte de Guillaume, le donjon carré d'Henri Ier et l'enceinte quadrangulaire à tours d'angle de Philippe Auguste. Un profond fossé, qui fut doublé ultérieurement, les isolait du plateau. Histoire Le château ducal (vers 1060 - 1204) Les origines du château À partir du xe siècle, la croissance agricole caractéristique de cette période entraîne la création de nombreux marchés locaux. Les seigneurs, désireux de contrôler le développement des villes et villages, érigent des châteaux et souvent accompagnent ces établissements par la fondation d'un établissement religieux. Caen est un bon exemple de ce qu'on peut appeler un « bourg castral ». Situé dans une riche plaine agricole, Caen n'échappe en effet pas à la règle et connaît un rapide développement le long de la rive gauche de l'Odon. Il est donc possible qu'un premier élément fortifié ait existé vers 1025, date à laquelle Caen est qualifié de burgus (bourg) dans une charte de Richard II; aucun élément archéologique ne vient toutefois accréditer cette théorie. Quoi qu'il en soit, c'est Guillaume le Conquérant qui met en place une véritable citadelle à partir de 1060 sur un éperon rocheux dominant la basse vallée de l'Orne. Il s'agit sûrement d'un moyen de contrôler cette agglomération qui prend de l'ampleur ; l'absence de lien entre le château et la ville à cette époque – la seule porte étant alors au nord – semble confirmer cette thèse. Mais le duc mûrit un plus grand dessein. Marqué par la rébellion des barons du Cotentin pendant sa jeunesse, il souhaite disposer d'un point d'appui sûr en Basse-Normandie. Le site de Caen, à proximité de la mer et à équidistance de Rouen et du Cotentin, est donc choisi par Guillaume le Conquérant afin d'y construire sa forteresse. La construction du château, au même titre que la fondation de deux abbayes (abbaye aux Hommes et abbayes aux Dames), montre la volonté du souverain d'établir une deuxième capitale dans la partie occidentale du duché. Une résidence princière Toutefois, dès ses origines, le château de Caen semble être davantage une résidence princière où le duc-roi exprime sa puissance et son prestige qu'une forteresse au rôle militaire affirmé. L'élément le plus important du château est en effet le palais constitué d'appartements privés destinés à la famille princière (les camerae), d'une chapelle (la capella) et surtout d'une Grande Salle, salle d'apparat (l’aula). Certes, le château est protégé par les fossés et par l'escarpement rocheux, retaillé pour être plus abrupte, et dès la fin du règne de Guillaume le Conquérant, la simple palissade qui devait ceinturer le plateau a été remplacée par une muraille de pierre. Mais le château souffre déjà de son archaïsme d'un point de vue militaire. La présence des civils, un village regroupé autour de l'église Saint-Georges étant incorporé à l'enceinte, peut constituer une gêne ; toutefois le château assurera un rôle de refuge tout au long du Moyen Âge. Plus grave, sa localisation à mi-pente le rend très vulnérable : il surplombe la ville qui se développe à ses pieds au sud, mais il est lui-même dominé au nord par les coteaux où s'élève aujourd’hui le campus 1. De plus, son emprise est beaucoup trop vaste (5 hectares) et il n'est protégé que par une simple tour-porte située au nord de l'enceinte. Le château au xiie siècle Le fils de Guillaume le Conquérant, Henri Ier Beauclerc, tente de régler ce dernier problème au xiie siècle par la construction du donjon à proximité de la tour-porte. Cette tour carrée, peut-être entourée d'un mur, est un véritable château à l'intérieur du château. Construit vers 1120, il fait partie des nombreuses tours construites par le roi d'Angleterre après sa reprise en main du duché de Normandie. Mais le rôle administratif et politique du château reste prégnant. Plus ou moins à la même époque, le roi d'Angleterre fait également construire une nouvelle Grande Salle, aujourd’hui connue sous le nom de salle de l'Échiquier. Deux fois plus grande que la précédente, elle permet de répondre au faste de la cour royale. Cet usage survivra à Henri Ier Beauclerc, puisque son successeur Henri II d'Angleterre et ses fils (Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre) y organisent en 1182 une fastueuse cérémonie pour les fêtes de Noël afin de démontrer la supériorité de sa cour et donc son prestige à ses adversaires, notamment le roi de France Philippe II. Fait rare, une seconde salle d'apparat, plus petite, est semble-t-il construite au sud-ouest du grand hall sur l'esplanade surplombant la ville. L'étude des Grands rôles de l'Échiquier montre également que la résidence princière caennaise est l'une des plus visitées par les ducs-rois. Et surtout son rôle politique et administratif y est clairement identifié, surtout à partir de 1170 quand l'administration fiscale et judiciaire est partiellement sédentarisée à Caen. Dans la deuxième partie du xiie siècle, l'intérêt militaire que portent les souverains anglais au château de Caen s'amoindrit. Le duché de Normandie n'est pas tiraillé par des troubles internes importants ; la menace provenant davantage de la frontière avec la France à l'est, Richard Cœur de Lion concentre ses efforts dans la vallée de la Seine. Après la mort de son frère, Jean sans Terre utilise le château comme prison dans le conflit qui l'oppose à Arthur de Bretagne dont le comte de la Marche. Il y met aussi à l'abri sa femme Isabelle d'Angoulême. Le château royal (1204-1789) Les remaniements de Philippe Auguste Le château de Caen est pris sans combat par Philippe Auguste en 1204. Comme ailleurs dans le duché, le roi de France entreprend d'importants travaux afin de moderniser la forteresse. Afin d'améliorer les défenses au nord, le donjon est entouré par une courtine protégée à chaque angle par une tour circulaire et isolée par un profond fossé ; l'ensemble est doublé au nord par une autre tranchée tout aussi abrupte en fer à cheval qui forme ainsi une zone tampon appelée Roquette ou Garenne. L'accès au nord étant bouché par ces aménagements, l'accès se fait désormais à l'est par une porte fortifiée, la porte des Champs. Enfin deux tours circulaires sont érigées à l'est (tour Mathilde) et à l'ouest (tour Puchot) à la jonction avec les fortifications de Caen. Grâce à ses réalisations, le monarque dispose d'une citadelle plus sûre, mais il démontre également sa puissance dans l'une des principales villes de ce territoire nouvellement conquis. C'est aussi après sa reprise que le gouverneur du château et celui du donjon sont réunis en une seule fonction ; le château est désormais géré par un gouverneur unique, un lieutenant du roi et un major. De la résidence princière au pôle administratif Le château de Caen n'est plus une résidence princière et les visites royales se font rares ; Henri IV serait le dernier à y séjourner le 12 septembre 1603, ses successeurs préférant loger en ville lors de leur passage à Caen. Le château accueille aussi parfois des hôtes de marque, comme Richard d'York, lieutenant général de Normandie et gouverneur de France et de Normandie, pendant l'occupation anglaise. Mais le château conserve surtout un rôle administratif important. L'Échiquier de Normandie s'y réunit une fois par an jusqu'à sa sédentarisation de fait en 1302 à Rouen. Le bailli de Caen, représentant du roi dans cette partie de la province, réside au sein de l'enceinte du château dans le Logis du Roi, mentionné pour la première fois en 1338. Le Logis du Roi, aujourd’hui connu sous le nom de Logis du Gouverneur, abritait les appartements personnels du bailli, une chapelle privée, les bureaux du bailliage et une salle d'audience. En 1450, le bailliage s'installe rue Cattehoule (actuelle rue de Geôle). Le pouvoir royal est alors incarné par le gouverneur des villes et du château de Caen qui réside dans l'ancienne demeure du bailli. D'ailleurs la charge est souvent réunie à celle du bailli, quand elle n'est pas déléguée à un lieutenant général. Le château dans la guerre de Cent Ans Au xive siècle, l'intérêt stratégique du château se trouve réaffirmé lors de la guerre de Cent Ans. La forteresse devient un élément clé du dispositif de défense de la Normandie. Des travaux de défense sont effectués après la prise de Caen en 1346 ; la transformation de la poterne sud ouvrant vers la ville en véritable accès fortifié, la porte Saint-Pierre, et la construction de la barbacane de la porte des Champs datent probablement de cette époque. Les tractations entre la France et l'Angleterre réduisent la menace extérieure et l'activité ralentit. Le réaménagement cesse totalement au début de l'occupation anglaise qui commence en 1417 après la prise de la ville et du château par Henri V d'Angleterre. Des travaux d'envergure reprennent toutefois à partir de 1435 quand les Français entreprennent de reconquérir la Normandie ; les Anglais construisent la barbacane de la porte Saint-Pierre afin de se protéger d'une attaque venue de la ville. Après la reconquête française en 1450, le château perd définitivement tout intérêt stratégique au plan national. Le château face aux troubles intérieurs En tant que symbole du pouvoir, le château de Caen reste néanmoins la cible de ceux qui contestent l'autorité royale. De ce fait, on continue de moderniser le château afin de l'adapter au progrès de la poliorcétique. De 1467 à 1468, le capitaine du château et sa garnison prennent le parti de Charles de France contre son frère, le roi Louis XI. François de Silly, bailli de Caen à partir de 1503, fait renforcer les murailles du château en accumulant d'épaisses masses de terre le long des remparts afin d'augmenter leur résistance à l'impact des boulets. Mais quand le château est bombardé à partir du 1er mars 1563 depuis le cimetière de l'église Saint-Julien par les troupes protestantes de l'amiral de Coligny, une brèche est ouverte dans les murailles au bout du troisième jour et les catholiques encerclés se rendent ; une troupe de 2 000 hommes, commandée par François du Plessis de Richelieu, reprend finalement le château le 14 avril 1563. Dans le conflit qui oppose Louis XIII à Marie de Médicis, le gouverneur de Normandie, Henri II d'Orléans-Longueville, prend le parti de la reine-mère. Le capitaine Prudent, fidèle au gouverneur qui lui a confié le commandant du château, braque les canons sur la ville qui demande au roi d'intervenir. Du 14 ou 17 juillet 1620, le roi, assisté par César de Choiseul du Plessis-Praslin, assiège le château qui finit par se rendre. Certains proposent alors de faire raser le château, mais le roi préfère garder la forteresse malgré son faible intérêt militaire. C'est le dernier fait d'armes important dans lequel le château joue un rôle direct. Le château est pris d'assaut par les révolutionnaires en 1789, puis par les royalistes en 1815 ; mais dans les deux cas, les autorités du château laissent rentrer la population sans intervenir. Le déclin de la paroisse Saint-Georges À partir du xvie siècle, l'usage purement militaire du château tend à se confirmer. La population civile déserte peu à peu l'enceinte castrale. L'église Saint-Georges a été construite pour accueillir une centaine de paroissiens, mais à la fin du xviiie siècle, les registres paroissiaux n'enregistrent plus qu'un enterrement par an dans le cimetière de 32 m2 qui entoure l'église, ce qui permet d'évaluer la population à environ 25 personnes. En outre, la part relative des familles de militaires tend à s'accroître et à devenir prédominante. Le nombre de militaires fluctue avec le temps. Après 1450, la garnison se compose de 50 hommes en armes et de 100 archers. Pendant la période d'agitation liée aux guerres de Religion, très violentes en Normandie, l'effectif remonte jusqu'à 250 têtes, avant de retomber à 50 le siècle suivant. À la fin du xviie siècle, sous le règne de Louis XIV, est construit un hôtel des Invalides ; à la veille de la Révolution, cette compagnie des invalides est constituée de 70 hommes et cinq lieutenants. À cette époque, sont également cantonnés dans l'enceinte du château quatre canonniers et un commandant d'artillerie, un arsenal et des magasins à poudre y ayant été installés. Les prisons du château Le château est également utilisé régulièrement comme prison. Des geôles sont mentionnées dès 1184-1185 à l'angle sud-est de l'enceinte et vers la porte des Champs ; cette prison est transférée au xve siècle lors de l'occupation anglaise dans la rue Cattehoule et devient la geôle du bailliage qui donne son nom à la rue. À partir de cette période, la différenciation entre prisonniers militaires et civils est de plus en plus nette. On ne dispose pas de sources permettant de connaître la place des prisonniers dans le château au xvie siècle, mais il existe de nombreux documents concernant la période courant du xviie au xixe siècles. Le château de Caen n'est pas utilisé pour les prisonniers de droit commun qui sont envoyés dans la prison du bailliage ou le dépôt de mendicité de Beaulieu (actuel centre pénitentiaire de Caen à la Maladrerie). Les prisonniers du château sont de deux types : les civils envoyés par lettre de cachet et les captifs pour cause de guerre. Les civils envoyés par lettre de cachet sont peu nombreux ; on en dénombre seulement cinq entre 1753 et 1787. Les témoignages des prisonniers eux-mêmes, comme celui de Charles François Dumouriez envoyé à Caen en 1774, permet de comprendre que les conditions de détention sont loin d'être difficiles. L'emprisonnement au château de Caen reste en effet une faveur du roi ; cela permet au roi ou à une famille influente d'écarter provisoirement de la société un élément gênant sans lui faire subir de condition de détention dégradante. La deuxième catégorie de prisonniers, les captifs pour fait d'armes, est plus importante numériquement, mais reste assez limitée. Le château est mis sporadiquement à disposition pour interner des prisonniers capturés lors de sédition paysanne (révolte des va-nu-pieds en 1639) ou lors de guerre avec des ennemis extérieurs (les officiers espagnols venus de Flandres entre 1643 et 1648 ou les captifs de la bataille de Denain en août 1712). Il est possible que quelques protestants aient également été emprisonnés après la révocation de l'édit de Nantes en 1685. Les prisonniers étaient sous la surveillance de la garnison du château, mais tous les frais (habillement, nourriture, ameublements) étaient supportés par la ville. Il n'existait pas de prison à proprement parler dans le château. On utilisait telle ou telle pièce en fonction des besoins. Ainsi en 1771, il est fait mention de trois cachots dans le donjon, deux dans la porte Saint-Pierre et d'une prison à bonnet de prêtre à proximité de cette dernière porte ; six ans plus tard, il semble qu'il n'y ait plus qu'une cellule située dans une des tours de la porte Saint-Pierre. Un projet de véritable prison militaire constituée de chambres de disciplines est proposé à la fin du xviiie siècle, mais jamais réalisé. La caserne (1789-1945) La prison révolutionnaire et la destruction du donjon Le 18 juillet 1789, le peuple s'empare du château et confisque les armes qui y sont entreposées. Charles-François Dumouriez, nommé gouverneur depuis peu de temps, accepte d'arborer la cocarde tricolore et la situation revient rapidement au calme. Pendant le reste de la Révolution française, le château est régulièrement utilisé comme prison par la ville qui peut ainsi isoler ceux qui sont identifiés comme étant des ennemis de la Révolution : le nouveau gouverneur du château, le vicomte Henri de Belzunce, en août 1789 ; 84 suspects royalistes en novembre 1791 ; l'ancien secrétaire de Jacques Necker, Georges Bayeux, en août 1792; 230 manifestants refusant la conscription militaire en mars 1793. Les prisonniers les plus importants sont Claude-Antoine Prieur-Duvernois et Charles-Gilbert Romme, représentants en mission envoyés par la Convention nationale. Arrivés en pleine insurrections fédéralistes, ils sont assignés à résidence dans le presbytère de l'église Saint-Georges à partir du 12 juin 1793. Ils sont libérés un mois plus tard après la défaite des troupes fédéralistes lors de la bataille de Brécourt. Afin de punir cet affront, la Convention décrète le 6 août 1793 que « le donjon et château de Caen dans lesquels la liberté et la représentation nationale ont été outragées, seront démolis. Sur les ruines du donjon il sera planté un poteau, sur lequel seront inscrits les noms des députés déclarés traîtres à la patrie ». Les travaux de démolition commencent dès le 18 août. Le presbytère est démoli, le donjon en grande partie arasé et la porte Saint-Pierre endommagée. La prison militaire Mais la destruction s'arrête là et dans les derniers mois du Directoire, on décide de restaurer les défenses du château. En 1805, la porte Saint-Pierre est effectivement restaurée. Le château retrouve en effet son usage militaire. Dès 1791, les derniers civils – en fait les reliquats de l'ancienne compagnie des Invalides – sont chassés du château. En 1799, un magasin à poudre est installé dans l'ancienne église ; deux autres sont construits dans l'enceinte en 1815-1818. Comme sous l'ancien régime et pendant la Révolution, il sert encore dans les deux premières décennies du xixe siècle à emprisonner pendant un court séjour des contestataires (conscrits réfractaires, manifestants contre la cherté du blé). Ensuite la prison devient exclusivement réservée aux militaires, les prisonniers de droit commun étant envoyés à Beaulieu ou dans la prison du palais de justice. La garnison stationnée dans le château après la paix de 1814 dispose de salles de police : deux cellules – l'une destinée aux soldats, l'autre aux sous-officiers – près de la porte Saint-Pierre et deux cachots dans la porte elle-même. Les graffitis gravés dans la pierre sont un témoignage de cet usage. La véritable prison militaire se trouvait toutefois dans des locaux vétustes situés rue des Carmes. Les projets de construction d'une prison militaire dans l'enceinte du château se multiplient : 1819, 1824, 1827-1832, 1834. C'est en 1848 qu'une prison militaire est aménagée dans les bâtiments existants au sud-est de l'enceinte. Le conseil de guerre est installé au premier étage. Deux chambres, destinées aux officiers, sont rajoutées en 1854 et, en 1856, un préau clos par un mur est érigé afin de permettre la promenade des officiers captifs. La prison militaire devient un espace enclos à l'intérieur de l'enceinte castrale. Pouvant accueillir 2 officiers, 37 soldats et sous-officiers, elle est jugée trop petite et est finalement fermée en 1881 quand le château est transformé en caserne. Un rôle mineur jusque dans les années 1870 Jusqu'à la fin du xixe siècle, le château occupe une place subalterne dans l'appareil militaire national et régional. Outre le conseil de guerre et sa prison, on y trouve les bureaux de recrutement, le chef de bataillon du Génie et le chef d'escadron d'artillerie. Mais le château est condamné par son archaïsme. En 1811, alors même que le blocus des ports normands par les Anglais se resserre, Napoléon Ier fustige dans une lettre adressée à son ministre de la Guerre les travaux de restauration de la porte Saint-Pierre et précise qu'« il faudrait démolir cette citadelle et la vendre à la ville dont les promenades y gagneraient ». Inadapté au nouveau type de conflits, le château est sauvé par son importance pour le maintien de l'ordre dans une ville jugée trop frondeuse. Le 23 juillet 1881, le château est définitivement rayé du tableau des places fortes, mais reste dans le domaine d'État affecté au département de la Guerre. La caserne Lefebvre La situation change toutefois sous la Troisième République. La défaite de 1870 amène les autorités à réorganiser totalement l'appareil militaire national et notamment son implantation territoriale. Tout au long du xixe siècle, la ville de Caen, qui - outre la caserne de Remonte - ne dispose que d'une caserne inadaptée aux besoins de l'époque (la caserne Hamelin), demande l'implantation d'un régiment de cavalerie. C'est finalement une prestigieuse unité de fantassins qui s'installe au château. Le 36e RI y est cantonné par étape à partir de 1876. Au début de l'année 1877, un premier bâtiment est construit au nord de l'enceinte ; les derniers restes du donjon sont abattus, les fossés comblés et le terrain aplani afin d'aménager une vaste place d'armes. Les premiers soldats prennent possession des lieux début juillet 1877. Jusqu'en 1901, le régiment est cantonné par alternance à Paris, Falaise et Caen avec le 5e RI. Après cette date, il est définitivement fixé à Caen et un nouveau bâtiment est construit perpendiculairement au premier, entre celui-ci et la porte des Champs. D'autres unités se joignent au 36e RI dans la première décennie du xxe siècle : un bataillon du 5e RI en 1905 et les compagnies du 129e RI après 1908. Le château est donc profondément remanié afin de devenir la caserne Lefèvre, elle peut accueillir, pour les manœuvres, jusqu'à 5 000 hommes d'infanterie. Les bâtiments de cantonnement érigés à l'emplacement du donjon sont conçus selon les stéréotypes de l'architecture militaire de l'époque : un rez-de-chaussée avec les lavabos, les cantines et les bureaux des sous-officiers ; deux étages où logent les troupes dans des chambrées de 25-28 hommes ; des combles dans lesquels on installe les réservistes pendant leur période d'instruction ; les niveaux supérieurs étant desservis par quatre escaliers, un par compagnie. 1 600 hommes étaient cantonnés dans le château et ce chiffre pouvait monter jusqu'à 2 400 pendant la période de service des réservistes. Jusqu'en 1914, le 36e ne prend part à aucun combat. La vie de la garnison tourne autour de la formation des conscrits et des manœuvres. Le régiment occupe alors une place importante dans la vie locale tant d'un point de vue économique que culturel. Le 36e est mobilisé le 5 août 1914 et revient triomphalement en 1919. Mais les effectifs baissent et l'unité est finalement dissoute en 1923 au grand dam de la ville. En 1938, un monument aux morts en mémoire des 8 838 membres du 36e tués pendant le conflit est érigé à proximité de l'ancienne chapelle palatine. L'année suivante, le régiment est reformé et quitte Caen le 10 septembre 1940. Le château après le Débarquement Après la reddition de la France, les troupes du Troisième Reich occupent le château. Mal entretenus pendant des années, les bâtiments sont très vétustes ; à tel point qu'en 1941, le front sud des remparts s'effondre. Pendant le Débarquement de Normandie, des Anglais et des Canadiens y sont emprisonnés. Pendant la bataille de Caen, le secteur du château est la cible des bombardements aériens et des tirs d'artillerie. Le château et ses abords sont sérieusement endommagés : l'enceinte est touchée à plusieurs endroits ; les bâtiments au sud de l'enceinte sont en ruine ; les vestiges du Vieux palais et le bâtiment nord de la caserne sont détruits ; les autres monuments de l'enceinte (Échiquier, salle des Gouverneurs, église Saint-Georges) sont endommagés. La cour sert de lieu d'exécution d'un collaborateur notoire le 10 février 1945. Puis, pour les travaux de déblaiement de la ville, des baraquements sont installés pour accueillir l'office national des cantonnements des ouvriers de la reconstruction (ONCOR). À la fin du déblaiement des ruines de Caen en 1946, le château, qui n'était plus visible des Caennais depuis plus d'un siècle et demi du fait de la destruction du donjon et de l'envahissement des fossés par les habitations, réapparaît. Il est décidé de restaurer et de mettre en valeur cet ensemble qui surplombe la ville. Ayant perdu définitivement son usage militaire, il est rendu, ainsi que le plateau qui l'entoure, par le ministère de la défense à la ville en 1956. La caserne Lefevbre est détruite en décembre 1958.
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