Château de Chaalis
Oise Hauts-de-France France
castle, chateau
Château de Chaalis
Oise Hauts-de-France France
castle, chateau
Chaalis Abbey (French: Abbaye de Chaalis) was a French Cistercian abbey north of Paris, at Fontaine-Chaalis, near Ermenonville, now in Oise
L’abbaye royale de Chaalis est une ancienne abbaye cistercienne située à Fontaine-Chaalis, au centre de la forêt d'Ermenonville, face à la Mer de sable, dans le département de l’Oise, en région des Hauts-de-France, à environ quarante kilomètres au nord-est de Paris
Previous names
Château de Chaalis, Château de Chaalis
Description
Chaalis Abbey (French: Abbaye de Chaalis) was a French Cistercian abbey north of Paris, at Fontaine-Chaalis, near Ermenonville, now in Oise.
History
It was founded in 1136 by Louis VI of France.[1] There had previously been a Benedictine monastery in the same place. The monastery was sold and demolished during the French Revolution but most of the buildings had been ruinous for years previously thanks to mismanagement on the part of the commendatory abbots. Among the ruins, a chapel with important frescos by Primaticcio survives intact.
Museum
The former abbey is now the location of an art museum, the Musée Jacquemart-André.[2] Like the museum of the same name in Paris it houses a part of the former collection of artworks of Nélie Jacquemart-André. At her death in 1912 she gave it to the Institut de France and asked that a museum should be created in Chaalis, where she had spent her childhood.
The museum continues to display this very rich collection which features paintings by Giotto, Cima da Conegliano, Luca Signorelli, Francesco Francia, Lorenzo di Credi, Joos van Cleve, Tintoretto, Palma the Younger, Jan Davidsz de Heem, Philippe de Champaigne, Charles Le Brun, Nicolas de Largillière, François Desportes, François Boucher, Rosalba Carriera, Giovanni Paolo Pannini and Jean-Baptiste Greuze; sculptures by Baccio Bandinelli, François Girardon, Jean-Antoine Houdon, Augustin Pajou, Jean-Baptiste Lemoyne and Edme-François-Étienne Gois; furniture and decorative art; and a collection of Indian items.
L’abbaye royale de Chaalis est une ancienne abbaye cistercienne située à Fontaine-Chaalis, au centre de la forêt d'Ermenonville, face à la Mer de sable, dans le département de l’Oise, en région des Hauts-de-France, à environ quarante kilomètres au nord-est de Paris.
Elle est fondée en 1136 par le roi de France Louis VI et confiée aux moines de l'abbaye de Pontigny. Une abbatiale de grande dimension est construite au début du xiiie siècle et bénéficie de dons considérables et de faveurs. L'abbaye devient un centre économique et intellectuel important, accueillant à plusieurs reprises les rois de France et comptant plusieurs intellectuels parmi ses membres. Elle possède par ailleurs un très grand nombre de dépendances sous la forme de granges monastiques qui contribuent à lui assurer des revenus colossaux. Après une période de déclin à la fin du Moyen Âge, l'abbaye connaît une période de renaissance artistique avec ses premiers abbés commendataires venus d'Italie. Hippolyte d'Este fait ainsi venir des artistes tels que Sebastiano Serlio ou Le Primatice. Au xviiie siècle, de nouveaux bâtiments conventuels sont construits par l'architecte Jean Aubert, sans jamais être achevés. À la suite de sa vente comme bien national pendant la Révolution et de la destruction de l'abbatiale, le domaine est transformé au xixe siècle en résidence de chasse. Nélie Jacquemart, grande collectionneuse et dernière propriétaire du domaine, le lègue à l'Institut de France avec les œuvres d'art qui y sont conservées.
Le domaine, classé au titre des monuments historiques le 9 septembre 1965, contient actuellement les ruines de l'ancienne abbatiale et du cloître, l'ancienne chapelle abbatiale et ses fresques de la Renaissance, une roseraie et un parc, ainsi que le musée Jacquemart-André et ses collections de peintures, sculptures et arts décoratifs installées dans le château.
Situation
L'abbaye est située dans la région historique du Valois, depuis ses origines dans l'ancien domaine royal, à environ 40 km au nord-est de Paris, à 10 km au sud-est de Senlis et à 2,5 km au nord d'Ermenonville. Son domaine était situé sur le territoire de l'ancien diocèse de Senlis.
Ce domaine est par ailleurs situé au cœur de l'actuelle forêt d'Ermenonville, au milieu d'un domaine de 1 000 hectares dont environ 600 ha forestier appartenant à l'Institut de France et géré par l'Office national des forêts. L'abbaye est plus particulièrement située dans la vallée de la Launette, affluent de la Nonette dans le bassin versant de l'Oise, au milieu d'étangs aménagés par les moines afin de drainer les anciens marécages de la vallée. On accède à l'abbaye par la route nationale 330. Juste en face de l'accès à l'abbaye, se trouve l'entrée du parc d'attraction de la Mer de sable.
Histoire
La fondation
La première mention du lieu apparaît dans un document du viie siècle. Un moulin est alors signalé au lieu-dit Cadolaicus appelé par ailleurs Calisium, soit Kaeliez en langue vulgaire. Il est ensuite revendiqué par l'abbaye de Saint-Denis lors d'un conflit l'opposant au maire du palais Grimoald II, gestionnaire des domaines royaux, selon un diplôme de Childebert IV, datant de 710. Un jugement royal est prononcé finalement en faveur de l'abbaye. Un prieuré bénédictin consacré à la Vierge est signalé au début du xiie siècle dans cette zone marécageuse à proximité des rives de la Launette, au lieu-dit actuel de La Chapelle-Chaalis, à 2 km de l'actuel site selon l'archéologue François Blary. Ce prieuré dépend alors du monastère de la Madeleine de Mello, dont la fondation remonte à 1100, voulue par Renaud de Mello à son retour de la première croisade. Ce prieuré est alors lui-même une dépendance de l'abbaye bénédictine de Vézelay.
Le roi Louis VI, dit « le Gros », qui vient régulièrement chasser dans les environs de ses palais de Ver et de Senlis, souhaite honorer la mémoire de son cousin, Charles le Bon, comte de Flandre, assassiné à Bruges par ses sujets révoltés le 2 mars 1127. Il décide de fonder un lieu où prier son cousin. Il choisit pour cela l'actuel site de Chaalis, dont le nom est transformé en Caroli Locus, lieu de Charles. Cependant l'ancien nom de Chaalis persiste par la suite dans le langage courant. Il demande à l'abbé Albéric de Vézelay de céder sa possession à l'abbaye de Pontigny, elle-même dépendant de Cîteaux, en échange de 10 sols de cens annuel accordé au prieuré de la Madeleine de Mello. Le roi demande à l'abbé Guichard de Pontigny d'envoyer douze moines s'installer sur place, sous la conduite du premier abbé, André de Baudiment, ancien sénéchal de Thibaut IV de Blois. L'acte de fondation est accordé le 10 janvier 1136 ou 1137 (en nouveau style).
L'année suivante, en 1138, le fils de Louis le Gros, Louis VII, qui vient de lui succéder, confirme cette fondation. Il est appuyé en cela par les seigneurs Guillaume de Mello, Renaud, comte de Dammartin, et Étienne de Senlis, évêque de Paris, qui lui donnent un certain nombre de terres et de bois aux alentours. Pour aider la fondation, les rois de France lui achètent les terres de Fourcheret un peu plus au nord, Fay près de Béthisy et Vaulerent où des granges sont fondées quelque temps plus tard.
Les papes accordent quinze bulles de privilèges à l'abbaye entre 1142 et 1197. De nombreuses donations de terres viennent compléter cette fondation, venues de plusieurs seigneurs de la région. Un réseau de granges est constitué dans tout le nord-est du Bassin parisien pour gérer ces terres et leurs ressources.
L'abbaye au Moyen Âge
La construction de l'abbatiale
Une première église est construite sur le site au milieu du xiie siècle, sans qu'il en reste de trace aujourd'hui. L'abbé Guillaume de Dongeon est probablement à l'initiative de la construction d'une nouvelle abbatiale, peu de temps avant son départ à Bourges en 1199. En 1202, un nouveau bâtiment de style gothique est en chantier, sous la houlette de l'abbé Adam, son successeur. Avec ses 82 mètres de longueur et ses 40 mètres de largeur, elle est, jusqu'à sa destruction, l'une des plus grandes églises cisterciennes du royaume. Elle est consacrée le 2 octobre 1219 par frère Folquet de Marseille, évêque de Toulouse et frère Guérin, évêque de Senlis et chancelier de Philippe Auguste. Plusieurs évêques de Senlis ont été auparavant abbés de Chaalis. Dix-sept d'entre eux sont par la suite enterrés dans le chœur de l'abbatiale, dont Guérin lui-même.
La présence royale et la vie intellectuelle
Louis IX de France vient régulièrement à Chaalis, où il tient à partager la vie des moines. Il donne à l'abbaye en 1262 les reliques d'un compagnons de saint Maurice ainsi que celles de sainte Berge. En 1378, Charles V y séjourne en compagnie de son bibliothécaire Gilles Mallet, et fait réaliser, à ses frais, des travaux de réfection et de fortification pour protéger les bâtiments des combats de la Guerre de Cent Ans.
L'abbaye est à cette époque le centre d'une vie intellectuelle féconde. Elle possède une importante bibliothèque : un inventaire de la fin du xiie ou début du xiiie siècle recense déjà 216 manuscrits. Une centaine d'entre eux, complets ou à l'état de fragments, sont recensés dans plusieurs bibliothèques parisiennes : à la bibliothèque nationale de France, à la bibliothèque de l'Arsenal ou à la bibliothèque Mazarine notamment. Plusieurs abbés et moines sont des auteurs renommés : l'abbé Jean IV de Gaillefontaine (1326-1337) est l'auteur de commentaires sur le récit de l'Annonciation dans l'évangile de Luc (Missus est Angelus Gabriel). Le prieur Guillaume de Digulleville (1295-1356) est l'auteur de poèmes mystiques dont le Pèlerinage de la vie humaine ou encore le Pèlerinage de l'âme. L'humaniste Jean de Montreuil y effectue un séjour et évoque l'abbaye dans une lettre datant de 1415 dans laquelle il y décrit un « paradis investi par des troupes de saints et animé par des eaux de toute sorte » évoquant à la fois la vie intellectuelle et les réalisations techniques et agronomiques.
Pour autant, l'abbaye essaime peu. Une seule abbaye fille, la Merci-Dieu, est fondée en 1151 par l'abbé Amaury, dans l'actuelle commune de La Roche-Posay, dans le diocèse de Poitiers.
Le déclin du xve siècle
L'abbaye connaît plus de difficultés dans le courant des xive et xve siècles. La baisse des vocations entraîne la réduction du nombre de moines et de convers. Les granges sont mises en fermage et les hôtels urbains sont vendus ou loués. Pour protéger l'abbaye de l'insécurité à l'occasion de la Guerre de Cent Ans, un château-fort est même construit dans la cour de l'abbaye, sa destruction étant ordonnée par une décision du chapitre général de l'ordre de 1417. Après la guerre, les bâtiments de l'abbaye sont restaurés et un clocher est construit sur l'abbatiale.
Le régime de commende
En 1541, à la suite du concordat de Bologne de 1516, l'abbaye est mise en commende. Comme toutes les abbayes du royaume, cela signifie que l'abbé n'est plus nommé par la communauté des moines, qu'il peut être un laïc, et obtient les bénéfices des revenus de l'abbaye tandis que le pouvoir spirituel est confié à un prieur. Son administration est parfois confiée à une personne nommée à l'extérieur de la communauté. C'est la fin de son indépendance.
L'abbaye à l'heure de la Renaissance
Le premier abbé commendataire, nommé par François Ier, est le cardinal italien Hippolyte d'Este, archevêque de Milan et ami du roi, fils du duc de Ferrare et de Lucrèce Borgia, futur créateur de la villa d'Este à Tivoli (Italie). Il s'installe à l'abbaye, un de ses nombreux bénéfices ecclésiastiques. Mais Chaalis a le grand avantage d'être proche de Paris et de posséder des environs giboyeux. Dans l'espoir d'y faire venir le roi, il y entame des travaux considérables. Il fait travailler à Chaalis le peintre italien Le Primatice après 1541 à qui il confie la réalisation de fresques dans sa chapelle abbatiale. Il fait ensuite venir l'architecte Sebastiano Serlio, entre 1544 et 1546 pour faire réaliser notamment le mur de clôture de son jardin sur lequel subsistent encore ses armes. Il finit par quitter l'abbaye pour Rome en 1549.
Les moines sont alors au nombre de 44. L'abbé se réserve une rente de 7 000 écus et ne leur accorde que la somme de 3 692 livres par an en 1560, jugée insuffisante par les moines. Ils obtiennent finalement de leur abbé une augmentation de leurs revenus par arrêt du Parlement de Paris en date du 16 décembre 1563. Luigi d'Este, neveu d'Hippolyte, lui succède en 1561. Il ne fait sur place que quelques séjours. À l'occasion de l'un d'entre eux, à l'hiver 1571, il fait venir sur place le poète italien le Tasse.
La décadence des xviie et xviiie siècles
Après les cardinaux italiens, plus aucun abbé ne réside sur place et l'abbaye décline progressivement faute d'entretien. Au xviiie siècle, le 9e abbé commendataire, Louis de Bourbon-Condé (1709-1771), comte de Clermont-en-Argonne, petit-fils du Grand Condé est nommé abbé en 1721. En 1723, un rapport préconise un grand nombre de travaux au vu du manque d'entretien des décennies précédentes. Du nouveau mobilier est installé dans l'abbatiale préservée, commandé notamment aux frères Paul-Ambroise et Michel-Ange Slodtz en 1733 et 1741.
En 1737, le comte-abbé de Clermont commande à Jean Aubert, architecte des Condé, pour qui il avait construit les grandes écuries de Chantilly et le Palais Bourbon, également architecte de l'hôtel Biron à Paris, un projet grandiose de reconstruction des bâtiments conventuels. Dans le projet approuvé en juin 1739 et estimé à 330 000 livres, la construction de bâtiments est prévue autour d'un nouveau cloître quadrangulaire long de quatorze travées. L'ancien cloître, avec ses deux galeries superposées, est démoli. Mais dès le début, les fonds manquent et la mort de l'architecte en 1741 retarde les travaux. L'aile nord du bâtiment, l'actuel château, est construite à partir de 1752. L'aile ouest n'est construite qu'à moitié. Dans les années 1770, les deux pavillons d'entrée sont bâtis.
Mais ces constructions nécessitent de lourds investissements financiers qui mettent à mal les finances de l'abbaye. Les travaux sont finalement interrompus. Pourtant, en 1763, les revenus de l'abbaye sont encore estimés à 68 157 livres par an, car elle conserve une bonne part des dépendances accumulées depuis le Moyen Âge. Les 80 créanciers du monastère font saisir ses biens par un jugement du Châtelet de Paris de 1783, confirmé par arrêt du Parlement de Paris du 31 mars 1784. L'abbaye étant en situation de liquidation judiciaire, ordre est donné par Louis XVI en 1786 aux abbés de Pontigny et de Clairvaux de la fermer. Les terres et biens doivent être liquidés et les religieux dispersés dans d'autres monastères. Les dettes sont estimées au total à 1 400 000 livres.
L'abbaye à la Révolution
Selon l'état du 28 mai 1790, il reste encore douze moines mais seulement trois résidents sur place, infirmes. Les bâtiments et les terres n'ont pas encore été vendus. Une estimation du domaine et du bois environnant est estimée à 331 405 livres le 2 juillet 1791. Le tout est vendu comme bien national le 28 septembre 1793. Pierre Étienne Joseph Paris acquiert l'ensemble pour la somme de 159 000 livres. Il ne conserve que le bâtiment neuf dans lequel il installe sa famille et exploite les autres bâtiments comme carrière de pierres. Une grande partie de l'abbaye est démolie après la vente de son mobilier pièce à pièce. Seule la chapelle des abbés est laissée intacte.
Une résidence de chasse
En 1824 la propriété est acquise par Philippe Louis Armand de La Briffe, qui la conserve jusqu'à sa mort en 1846. Le domaine est acheté le 2 juin 1850 par Alphée Bourdon de Vatry (1793-1871), fils de Marc Antoine Bourdon de Vatry, agent de change et député de la Meurthe sous la monarchie de Juillet, mais retiré de la politique en 1849. Il y meurt le 25 juillet 1871. Son épouse Mme Rose Paméla Hainguerlot de Vatry (1802-1882) est la fille d'un affairiste enrichi lors du Directoire, propriétaire du château de Stains (actuel département de la Seine-Saint-Denis). Elle fait réaménager la demeure ; l'aile Ouest, restée inachevée depuis le xviiie siècle, et surnommée le « Petit Château », est détruite pour conserver et isoler le « Grand Château », c'est-à-dire l'aile Nord, la seule complète; sa façade Sud est réordonnancée en 1854 par l'architecte du département de l'Oise Désiré-Honoré Bellanger, qui y ajoute simplement trois avant-corps, au milieu et aux extrémités du bâtiment. Madame de Vatry transforme le réfectoire en salle à manger et salon, la cuisine en pièces de réception d'après-chasse. Elle remeuble la demeure de coffres gothiques et Renaissance. Elle fait restaurer la chapelle abbatiale et notamment ses fresques par Paul Balze, peintre élève d'Ingres et collaborateur de Viollet-Le-Duc, reconstitue progressivement le domaine de l'abbaye, le faisant passer de 100 à près de 1 000 hectares et orne le parc de vases de pierre. De nombreuses fêtes et réceptions y sont organisées, accueillant les nombreux amis artistes du couple : les écrivains Théophile Gautier, Ludovic Halévy ou Gérard de Nerval, les peintres Pierre-Luc-Charles Ciceri et Eugène Lami, les compositeurs Giacomo Meyerbeer et Daniel Auber.
Ayant connu Henri d'Orléans, duc d'Aumale, par son époux qui l'avait côtoyé à Madrid, Mme de Vatry abrite à Chaalis des œuvres appartenant à son voisin, châtelain de Chantilly, intransportables en Angleterre, et qu'elle avait officiellement achetées, dont la statue du Grand Condé par Coysevox et les boiseries provenant du château d'Écouen, aujourd'hui conservés au musée Condé. Elle reste en contact avec le duc pendant son exil. À son retour en France le 27 juin 1871, c'est à Chaalis qu'Henri d'Orléans se rend en premier avec son fils.
À la mort de Madame de Vatry en 1881, Chaalis passe à son neveu Arthur Hainguerlot (1833-1892) ; à son décès, sa veuve née Lydia Harvey (1841-1901), hérite du domaine : elle se remarie le 7 décembre 1894 avec le prince Joachim Murat (1834-1901) et commence à partir de cette date à résider dans l'ancienne abbaye. Après leur décès, leur succession s'ouvre au printemps 1902.
Le dépôt d'une collection devenu musée
C'est alors que Nélie Jacquemart, qui fut la jeune protégée de Mme de Vatry, artiste peintre et veuve depuis dix ans d'Édouard André, héritier d'une riche famille de banquiers protestants, achète, le 14 juin 1902, le domaine de Chaalis pour 1 200 050 francs. Elle a par ailleurs acquis, lors de la vente aux enchères du 21 mai 1902, une partie du mobilier et de la collection Vatry-Murat. Elle souhaite y abriter ses importantes collections de peintures et de mobilier.
À grands frais, la nouvelle propriétaire modernise le bâtiment en y installant l'électricité à l'aide d'une centrale aménagée dans l'ancien moulin, le chauffage central et le téléphone. Elle le remeuble et le décore avec des boiseries, tapisseries et sculptures. Dès sa première réception en novembre 1902, elle remodèle totalement le rez-de-chaussée, la salle à manger et la bibliothèque notamment. Elle fait réaménager les cellules des moines à l'étage en chambres d'amis avec du mobilier des xviiie et xixe siècles. Elle fait installer de nombreuses peintures dans la galerie du premier étage. Les modifications et ajouts se poursuivent même jusqu'après sa mort puisque certaines de ses acquisitions ne sont installées à Chaalis que 10 mois après son décès, qui a lieu le 14 mai 1912 à Paris. Elle est inhumée dans la chapelle abbatiale.
Le legs et l'ouverture du musée
Son testament stipule qu'elle lègue son hôtel parisien du boulevard Haussmann à l'Institut de France afin d'en faire un musée ouvert à tous, sans modification possible, sous le nom de « musée Jacquemart-André », ainsi que l'abbaye dénommée « Abbaye Royale de Chaalis-Musée Jacquemart-André ». À Fontaine-Chaalis, le musée s'enrichit tout de même de plusieurs dons au cours du xxe siècle : la collection constituée sur le thème de Jean-Jacques Rousseau par le marquis de Girardin et son descendant Ferdinand en 1923, les collections d'arts décoratifs du xviiie siècle d'Henri Amic données à l'Institut en 1924 et installées dans le musée depuis 1996.
Le musée et le domaine sont gérés par un conservateur nommé par l'Institut. Il s'agit d'une personnalité issue de ses rangs. Le premier, l'historien de l'art Louis Gillet, réalise un guide en 1914 qui sert en même temps de premier catalogue des œuvres du musée, avec 704 numéros. Le domaine est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 9 septembre 1965.
Historique des dépendances de l'abbaye
Dès la fondation et longtemps après, l'abbaye bénéficie d'un grand nombre de donations sous la forme de terres et de bâtiments. Elle structure ces donations en y implantant des granges, unités économiques gérées directement par les moines de l'abbaye et fonctionnant à l'aide de moines convers. En 1151, sept granges sont déjà mentionnées dans les textes ; onze granges sont dénombrées en 1165 puis quatorze en 1204. Elles sont de deux types, les granges à vocation céréalière et les granges agro-pastorales à la production plus diversifiée. À partir du xiiie siècle, à ces granges s'ajoutent des celliers, centres de productions viticoles : trois sont dénombrés en 1204. L'abbaye possède par ailleurs des maisons dans plusieurs villes. Ces possessions sont parfois très éloignées de l'abbaye mère. À partir du xive siècle, les difficultés de recrutement de moines convers entraînent toutefois l'affermage de ces granges, leur gestion étant confiée à des laïcs. Ces propriétés sont parfois vendues au cours du temps ou restent la propriété de l'abbaye jusqu'à sa dissolution.
Les granges agro-pastorales
Les granges céréalières sont toutes situées au cœur de vastes plaines agricoles prospères entre le pays de France, le Valois et le Beauvaisis. Elles forment le plus souvent un hameau isolé au milieu des champs ouverts. Un certain nombre d'entre elles conserve toujours leur bâtiment de stockage appelé parfois improprement « grange à dîme ».
La grange de Vaulerent à Villeron, dans l'actuel Val-d'Oise est une propriété isolée qui a atteint jusqu'à 380 ha de terres agricoles. En plein cœur du pays de France, cette terre appartient à l'abbaye dès sa fondation. La grange est mentionnée en 1145. Son exploitation est très bien connue grâce aux archives de l'abbaye. En 1315, le faire-valoir direct est abandonné. Subsiste toujours sur place, à proximité d'un corps de logis et d'un pigeonnier des xvie ou xviie siècle, une vaste grange classée monument historique depuis 1889 de 72 m de long sur 23 m de large qui constitue le plus vaste bâtiment de l'ensemble des dépendances de l'abbaye et sans doute la plus grande grange cistercienne de France.
La grange de Choisy-aux-Bœufs est située à Vémars à moins de 3 km de Vaulerent. Formant un ensemble isolé, elle est mentionnée dès 1148 mais n'acquiert son autonomie par rapport sa voisine qu'en 1172. Plus petite que Vaulerent, elle a peut-être servi, outre à la production céréalière, à l'élevage de bovins dont elle tire son nom. L'ancien bâtiment principal, détruit en 1927 et dont il ne subsiste qu'un pignon, a pu servir d'étable. Le corps de logis subsiste encore en partie ainsi que ses caves.
La grange de Stains, située dans l'actuelle commune de Villeneuve-sous-Dammartin en Seine-et-Marne, est aussi une ferme isolée mentionnée en 1151, à la suite des donations remontant à 1138. Ces donations se poursuivent autour de la grange jusqu'en 1311. Le bâtiment de stockage, long de 56 m est toujours en place, mais lourdement transformé.
La terre de Fourcheret à Fontaine-Chaalis est mentionnée dès 1149 mais n'est signalée comme grange qu'en 1204. Outre une vaste exploitation céréalière, la propriété comprenait des pâturages ainsi qu'un moulin sur les bords de la Nonette. Un bâtiment de stockage, long de 52 m, est classé au titre des monuments historiques19 et le corps de logis et la porterie sont toujours en placef.
La grange de Fay à Saintines, entre Senlis et Compiègne, est mentionnée en 1151 après une première donation remontant à 1136. Les premiers bâtiments y sont construits au milieu du xiie siècle. Elle est affermée en 1315, atteignant alors sans doute les 200 ha. Le bâtiment de stockage, toujours présent, y mesure 55 m de long.
Une grange plus lointaine, au lieu-dit le Transloy, sur la commune de Moyvillers est signalée en 1151. La grange est située à un emplacement stratégique à proximité de la route entre Compiègne et Beauvais et de la route des Flandres en provenance de Senlis. Elle permettait aux moines convers d'effectuer une étape avant de se rendre vers les granges les plus éloignées au nord-ouest.
La grange de Troussures est située dans l'actuelle commune de Sainte-Eusoye au nord de Beauvais. À la suite d'une première donation en 1146 puis de neuf autres entre 1149 et 1161, une grange est implantée et citée en 1151. Très éloignée de l'abbaye mère, elle n'était accessible aux frères convers qu'après plus de deux jours de marche, ce qui contrevenait au règlement cistercien. D'après les recoupements de document postérieurs, le domaine atteignait plus de 280 ha. Sa grange proprement dite, longue de 45 m et qui datait du xiiie siècle, a été détruite dans les années 1960 ; il n'en reste que le pignon sud. Seul l'ancien pigeonnier est inscrit monument historique.
La grange de Rotangy était la plus lointaine de l'abbaye, à 75 km de Chaalis, à 16 km au nord de Beauvais. La première donation date de 1153 et la grange est signalée pour la première fois en 1161. Le domaine a compté jusqu'à 266 ha. Il ne reste plus rien des bâtiments, si ce n'est l'ancien cimetière, sans doute détruits au cours du xviiie siècle. Ils étaient situés sur des terrains actuellement occupés par des champs.
Les celliers
Les celliers sont installés systématiquement à la jonction entre des parcelles de vignes situés sur des coteaux et le bord d'une rivière navigable permettant le transport du vin produit.
Le cellier de Brenouille est situé sur les bords de l'Oise, entre Pont-Sainte-Maxence et Creil dont la première mention de propriété remonte à 1144 et le cellier lui-même en 1204. Outre 200 arpents de vignes, situés d'un côté comme de l'autre de la rivière, traversée à l'aide d'un bac, le domaine comprend des prés et des parcelles en forêt d'Halatte toute proche. L'affermage commence en 1470. Seule subsiste l'ancienne maison du passeur du bac.
Le cellier de Thorigny-sur-Marne est situé juste en face de la ville de Lagny-sur-Marne, connue pour ses foires, sur des coteaux exposés sud. La première donation remonte à 1167 et le cellier est attesté en 1204. Les bâtiments monastiques médiévaux ont été entièrement transformés aux xviie et xviiie siècles, à l'exception des caves du cellier.
En 1197, les moines de Chaalis acquièrent trois arpents de vignes à Argenteuil, sur les coteaux dominant la Seine. On dénombre une quinzaine de parcelles en 1227. En 1790, les moines de Chaalis possèdent encore des terres et des maisons dans la ville, mais il n'en reste plus aucune trace.
Les maisons de ville
Bien que les moines cisterciens aient interdiction de résider en ville, comme de nombreuses abbayes, les moines de Chaalis possédaient des maisons installées dans les principales villes des environs. Leur rôle était essentiellement commercial, servant à écouler les productions des différentes granges. Elles pouvaient aussi servir de lieu de production de vin, comme les celliers.
À Senlis, on garde la mémoire de deux bâtiments ayant appartenu à l'abbaye, situés l'un en face de l'autre, rue du Petit-Chaalis. Un manoir y est loué dès 1166 qui devient par la suite l'hôtel du petit Chaalis, au numéro 4. Il a aujourd'hui totalement disparu. Le numéro 5, traditionnellement désigné comme le logement du prieur, conserve des parties remontant au xvie siècle.
À Paris, une maison est donnée à l'abbaye en 1200 par une dame du nom d'Éloïse de Palaiseau dans l'actuelle rue François-Miron. Elle possédait deux corps de logis, dont l'un était appelé « hôtellerie du Faucon ». Ces bâtiments ont été détruits à l'époque moderne. Seules deux caves voûtées subsistent : l'une située à la hauteur du numéro 62, qui est antérieure au xiiie siècle, et une autre, sous le fond de la cour de l'hôtel de Beauvais au no 68, datée du xve siècle. L'abbaye est en possession un temps d'une autre maison rue Saint-Jacques, rive gauche.
À Beauvais, c'est un notable du nom d'Hugues de Conti qui donne aux moines en 1171, une maison située dans l'actuelle rue Guy-Patin. Un nouveau bâtiment est construit vers 1240. D'elle, dépendaient directement des vignobles situés sur des coteaux à l'ouest de la ville dans le quartier de Saint-Just-des-Marais. Elle est vendue en 1641. Le bâtiment a été entièrement détruit ainsi que ses caves.
Useful information
Le parking GRATUIT
Adulte: 8 € (parc, roseraie, église abbatiale médiévale, chapelle et musée); 4 € (parc, roseraie, abbaye médiévale); 3 € (les ateliers des parfums, sur réservation)
Enfant (de 5 à 12 ans): 4 €
Enfant (moins de 5 ans): gratuit
Tarif réduit pour les groupes, pour les scolaires et les étudiants: 3€ (parc, roseraie, abbaye médiévale)
Groupes adultes et étudiants: 6 € (parc, roseraie, église abbatiale médiévale, chapelle et musée); 2 € (visite de la centrale hydroélectrique, sur réservation)
Groupes scolaires, de l’école primaire au lycée: 3,50 € (parc, roseraie, église abbatiale médiévale, chapelle et musée); 6,50 € (parc, abbaye, roseraie, musée, ateliers)
Billet groupé: Parc Jean-Jacques Rousseau-Abbaye royale de Chaalis: 10 €
chaalis@orange.fr
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